L'eau en région karstique a souvent été un problème et source de conflits.
Même si la région de Champfromier n'en manque pas et n'est pas prêt d'en manquer, c'est sa distribution qui peut poser problème.
L'historien Ghislain Lancel soulève en partie par sa publication l'approvisionnement, le stockage et la distribution de cette ressource qui au 19eme siècle avec le développement du village commençait a devenir un réel besoin.
Depuis le début des années 70, les spéléologues locaux ont permis de faire prendre conscience aux responsables locaux, que les ressources souterraines, étaient pour l'instant inépuisables, mais fragiles.
Au milieu des années 80, une étude hydrogéologique très complète réalisée par l'hydrogeologue Patrick Bienfait en collaboration avec le spéléo club de Bellegarde confirmera les observations des premiers explorateurs.
En ce qui concerne la source captée de la Trouillette :
1893/95. Premier captage de la Trouillette (canalisations en terre cuite vers le Bordaz,
Champ-Brun et le Pont d’Enfer).
1931/39. Deuxième captage de la Trouillette, canalisations en fonte (le Bordaz et le bourg
de Champfromier)
La publication "Lavoirs et fontaines de Champfromier" est maintenant en téléchargement libre sur le site de "Histoire et patrimoine de Champfromier"
http://champ.delette.free.fr/publications_phc/01_lavoirs_achat.php
Extrait page 76.
"En 1990, il est observé qu’après des périodes de sécheresse constatées depuis plusieurs
années et suite à l’augmentation de la population de la commune, il y aurait lieu de faire des
recherches d’eau, en particulier à la Trouillette. Des études sont menées, et les résultats sont
plutôt concluants. La presse rapporte largement la contribution des spéléologues. Mais
finalement le captage ancien n’est pas modifié.
Le 5 juillet 1990, le CM vote une subvention de 5.000 francs au Spéléo-club de la MJC de
Bellegarde « en vue de compléter la connaissance du réseau souterrain de le Trouillette, pour
éventuellement résoudre des problèmes d’alimentation en eau » et, le même jour, il désigne
10 conseillers municipaux volontaires pour participer, du 15 septembre au 6 octobre, à des essais
journaliers de débits d'eau dans la grotte de la Trouillette [RD20, f° 188 et 190]. Dans le même temps
une bonne partie de l’extrémité du sentier menant à la Trouillette est élargi pour permettre le
passage de véhicules chargés des lourdes pompes. En octobre, le CM « prend connaissance des
rapports établis par la Sté Hydroforage et le spéléo-club de la MJC, suite aux essais de pompage
de la Trouillette : les essais sont relativement concluants » [RD20, f° 197]. En effet, à part les vingt
premières minutes de pompage où le niveau de l’eau s’était abaissé, par la suite et malgré la
puissance des fortes pompes, ce niveau n’avait pratiquement plus changé durant plusieurs jours.
Cette observation signifie que derrière cette prise d’eau se trouvait un immense réservoir d’eau,
certains en estiment même comme ordre de grandeur la contenance du lac de Nantua ! Précisons
toutefois que, si cette eau prisonnière tient au fait que la caractéristique principale du plateau est
d'avoir un soubassement imperméable en forme de cuvette, par contre la comparaison avancée
sur le volume ne concerne pas que de d'eau libre (comme celle des galeries noyées en cours
d’exploration par les spéléologues) mais, essentiellement, une très grande partie de la montagne
saturée en eau (roche aquifère).
Mais en décembre 1990, suite à une autre étude, celle-ci de la DDAF (Direction
Départementale de l’Agriculture et de la Forêt) concernant des programmes de recherche d’eau,
le CM adopte cette étude, faisant ressortir un montant de dépense de 250.000 FHT, et demande
une subvention au Conseil Général [RD20, f° 206]. Les conclusions furent toutes autres : en éliminant
le gâchis de l’eau qui coule sans utilité en permanence dans tous les bacs, lavoirs et autres
bassins de la communes (en particulier en hiver, pour que l’eau ne gèle pas), il y aurait assez
d’eau pour toute le monde… De fait la pose de compteurs qui s’ensuivit fit économiser, dit-on, une consommation d’eau de 30 %."
©Tournier Thierry 2024
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